Ouzbékistan, sur la Mythique Route de la Soie

C’est où ?

Au cours des siècles, l’Asie centrale a été la convergence de nombreuses civilisations. Elle est située sur la route des échanges entre la Chine et le Proche-Orient. Au cœur de cette région d’Asie centrale se trouve un pays méconnu, l’Ouzbékistan.

Un peu de géographie et d’histoire

L’Ouzbékistan fait partie des territoires traversés par les caravanes sur la mythique Route de la Soie. Il est entouré du Kazakhstan au nord, des Kirghizistan et Tadjikistan à l’est, de l’ Afghanistan au sud et enfin du Turkménistan à l’ouest. Stan est un vieux mot perse qui veut dire « pays de » (Kazakhstan = pays des Kazakhs) etc…

Le pays subit en 545 avant JC la domination perse. Puis en 330 avant JC il est conquis par Alexandre le Grand. Dès 655, Il est converti à l’islam après la conquête des Arabes. En 1206 les armées de Gengis Khan déferlent sur la région et s’emparent des citées caravanières. Ensuite vint le potentat de Tamerlan et l’occupation par les Russes à la fin du XIXème siècle. Ces grands conquérants et grandes civilisations ont laissé leurs empreintes. Ce qui explique les nombreuses ethnies et la richesse culturelle.

L’Ouzbékistan est une ancienne république soviétique et indépendant depuis 1991. Le pays est couvert à 70 % de steppes et de déserts. Les Ouzbeks tirent leur nom d’un des chefs mongols Ozbeg Khan. Ils parlent une langue d’origine turque. Bienvenue ! Khoch kelibsiz !

Je vais essayer d’être fidèle à l’Histoire de ce pays. Toutefois, je ne peux entrer dans tous les détails. Son passé est tellement riche. Désolée également, si je ne cite pas les noms de toutes les mosquées et medersas. J’ai pourtant une excellente mémoire, mais j’avoue humblement que je n’ai pas retenu toutes les explications de notre gentil guide Sounat. Mes compagnons de voyage me comprendront….

TASHKENT, la capitale

Après une escale à Istanbul, nous atterrissons à Tashkent. La capitale se révèle moderne et animée. Elle possède de larges avenues (héritage des soviétiques) très éclairées. Ici, il n’est pas question d’économie d’énergie. Je constate qu’il en est de même pour l’eau. Les parcs et jardins sont nombreux et abondamment arrosés. Ils sont remarquablement propres et bien entretenus.

Constat amusant, pratiquement tous les Ouzbeks roulent en Chevrolet de couleur blanche. Les petits bus collectifs, blancs eux aussi, s’appellent Damas ! Explication de notre guide, Chevrolet est la seule usine de voitures présente dans le pays. La circulation est intense dans la capitale.

Pour débuter notre séjour, nous découvrons l’ensemble architectural Khazrat-i-Imam, ainsi que le mausolée Abu-Bakr-al-Kaffal Shanshi. Premier choc visuel, c’est grandiose.

Incontournable, nous nous rendons ensuite au marché ou bazar de Chorsu. Il est installé sous une immense coupole. Autrefois, les caravanes passaient par Tashkent. Le marché de Chorsu était donc le lieu de rencontre des caravaniers. Nous y dépensons nos premiers soums (monnaie locale 1 euro = 13 000 soums). J’y achète du thé et du poivre. Les fruits et légumes viennent de la vallée de Ferghana.

Le lendemain, la visite de Tashkent se poursuit au fabuleux Musée des arts décoratifs. Il ressemble à une mosquée, avec sa cour et son iwan. Dans cet ancien palais, nous admirons des suzanis (tentures de coton brodées) et des tioupés (petits chapeaux). Les hommes les portent encore aujourd’hui.

Puis, nous allons faire un petit tour dans le métro. C’est l’un des deux seuls métros d’Asie centrale. Effectivement, tout comme celui de Moscou, il est exceptionnel. Il a été créé en 1977. Chaque station est différente et originale par sa décoration. Nous passons par la fameuse station Cosmonavtil, l’une des plus belles. Bien sûr, propreté et sécurité sont de rigueur.

KHIVA, la perle

Nous reprenons l’avion pour un vol intérieur très court et arrivons à Ourguentch. Là, notre van nous attend. Nous roulons une trentaine de kilomètres pour arriver à Khiva.

Immédiatement j’ai l’impression d’entrer dans le conte des Mille et une nuit. Cette petite ville semble figée dans le temps. Khiva est mon coup de cœur !

L’ancienne capitale du Khorezm est aussi la cité la mieux conservée. Elle est entourée de remparts rosés. Vraiment, elle ressemble à un musée à ciel ouvert. Nous avons la chance d’être logé dans la vieille ville, appelée Ichan Kala. Notre hôtel de charme se situe juste à côté de l’ensemble commémoratif de Pakhlavan Makhmoud.

A la fin du jour, les ruelles piétonnes se vident. Le soleil couchant donne à la pierre une couleur blonde. C’est un vrai bonheur de pouvoir y flâner à la nuit tombée. Je précise en toute sécurité.

Dans la journée, le soleil brille sur les céramiques, c’est un éblouissement. Les couvertures vernissées des mosquées et des minarets étincellent. Le minaret inachevé de Kalta Minor (minaret court) nous domine de sa hauteur de 26 mètres. Sa couleur est hypnotique. Tout ces camaïeux de bleu de vert sont époustouflants.

Nous poursuivons la visite de Khiva et entrons dans la mosquée du Vendredi ou mosquée Djuma. Nous avons l’impression d’être dans une forêt de colonnes. En effet, cette mosquée possède 218 piliers de bois finement ciselés. C’est un endroit étonnant.

Lors de notre séjour à Khiva, nous visitons également le harem et le bazar. Ce dernier fut l’un des plus importants de la région. Les commerçants sont très affables et parlent souvent un bon français. Nous nous amusons à essayer différents couvre-chefs.

Nous passons une soirée dans une madrassa pour dîner et assister à un concert folklorique. Une medersa ou madrassa est une école théologique musulmane.

BOUKHARA, la superbe

Nous quittons Khiva et roulons pendant des heures à travers les steppes infinies. Nous longeons le fleuve Amou Daria qui serpente au milieu du désert Kysyl Koum. Avant d’arriver à Boukhara, nous apercevons les champs de coton. Le coton est l’or blanc ouzbek. Malheureusement, sa culture intensive a asséché la mer d’Aral. L’impact écologique est catastrophique, puisque cela a abouti à la quasi disparation de cette mer. Il semble qu’aujourd’hui il y ait une prise de conscience et une diversification des cultures. Nous nous arrêtons et passons quelques instants avec des enfants qui ramassent le coton en compagnie de leurs parents.

Boukhara est une vieille citée caravanière. Elle est l’une des plus anciennes d’Asie centrale. Détruite par les Mongols, elle est restaurée par Tamerlan. L’épopée mongole se termine avec la conquête de Boukhara par le roi ouzbek Shaybani.

Nous séjournons trois jours à Boukhara. Notre hôtel est à nouveau au centre ville, à côté de l’ensemble de Liab-i-khaouz. A la tombée de la nuit, le bassin s’illumine entre les façades des madrassas. Le plan d’eau est bordé de mûriers et de nombreuses Tchaykhanas où l’on peut boire le thé.

Pour découvrir la citadelle de Boukhara, nous entrons dans l’Ark par une porte imposante. A l’intérieur se trouvent le palais de l’émir, les mosquées et la prison.

Durant la visite, nous prenons un peu de hauteur et grimpons sur le toit de la curieuse et petite medersa Tchor Minor (quatre minarets).

Nous poursuivons hors des murs de Boukhara. Tout d’abord, nous nous rendons au palais de la lune et des étoiles ou palais d’été des Emirs – Il est d’un bleu ravissant.

Puis nous avons rendez vous dans un centre culturel local. Nous y admirons le travail des miniaturistes. C’est aussi l’occasion pour nous, de profiter d’une initiation à la peinture miniature boukhariote. Boukhara est la capitale des artisans. Ils perpétuent un savoir faire ancestral. L’artisanat ouzbek est riche et varié.

Nous assistons également à la fabrication du papier de soie. Les branches de mûriers sont pelées et écrasées pour en faire une pâte. Elle est mise sur plaque pour sécher. Ensuite, Elle est polie avec un coquillage ou une pierre de lapis-lazuli. Autrefois, les chinois échangeaient de la soie contre le papier ouzbek.

NOURATA

Après quelques jours passés dans la somptueuse Boukhara, nous partons pour Nourata. En route, nous nous arrêtons au caravansérail Malik Robot. Nous y découvrons l’imposante citerne où les caravanes se ravitaillaient en eau. Surprise, notre adorable chauffeur et notre guide nous offrent un superbe petit déjeuner avec café et croissant !

La grande oasis de Nourata est avant tout une ville de pèlerinage. La source et les poissons sacrés de Tchashma sont réputés. Pour nous ce sera une balade au sommet de la colline pour admirer les vestiges de la forteresse Nour.

Prés de la mosquée, nous assistons à un mariage. Nous sommes même invités à la soirée. C’est pour nous l’occasion de nous faire photographier avec les mariés. Je précise à leur demande. Toutefois, nous ressentons le poids du clan et des traditions. Pour cet événement, Il est important pour les Ouzbeks d’être pris en photo sur un lieu historique. Tout au long de notre voyage, nous rencontrerons souvent des couples de jeunes mariés.

LAC AYDAR KUL, HAYAT

Lac Aydar Kul

Je suis assez impatiente de découvrir notre prochaine destination. Après une longue route au milieu des steppes, nous arrivons au lac Aydar Kul. Immense et calme, il s’étend au pied des monts Nourata. C’est une étendue longue de 150 kms et large de 30 kms. A notre arrivée, un troupeau de moutons s’abreuve dans le lac. Nous faisons donc l’impasse sur la baignade, mais profitons d’un agréable déjeuner en terrasse face au lac.

Hayat

Après notre pause déjeuner au bord du lac, nous poursuivons jusqu’au paisible village d’Hayat. Il est perdu au fond d’une vallée encaissée. Là il n’y a plus de route. Nous sommes hébergés dans une Guest house. A notre arrivée, nos hôtes nous offrent le traditionnel « tchai » (thé). Le lendemain matin, nous partons pour une belle balade dans la montagne. Nous y observons des mouflons. Nous apprécions le cadre bucolique. Les paysans sont souriants et ravis de voir des étrangers. Nous sommes en septembre et c’est le moment de ramasser les noix, cueillir les pommes et préparer les conserves pour l’hiver. Il peut être rude dans cette région. En tout cas, il y a de la neige.

SAMARCANDE, la ville mythique

Nous quittons la campagne, pour rejoindre la mythique Samarcande. Depuis longtemps, l’évocation du simple nom de Samarcande me fait rêver. Et enfin, je me trouve sur l’immense place carrée du Registan (plage des sables). La place est entourée de trois medersas avec leurs imposantes façades. L’un des minarets penche depuis 600 ans. Je suis éblouie par la splendeur des coupoles bleu turquoise. Les majoliques (faïences) brillent sous le soleil.

Chaque soir, un son et lumière est organisé sur la place du Registan. Il est très prisé des touristes.

La ville était un centre artistique et culturel florissant sous Tamerlan et ses successeurs. Ulug-Bey (petit fils de Tamerlan) souverain cultivé et amateur d’art fit construire un observatoire. C’est le premier observatoire d’Orient avec un imposant sextant.

La mosquée principale du vendredi d’Amir Timour est appelée Bibi Khanum. C’est la plus grande d’Asie centrale. L’ensemble lumineux des coupoles colorées et des minarets est éblouissant.

Coup de cœur également lors de visite de la nécropole de Shah I Zinda. Le long d’une ruelle se trouve les mausolées et tombeaux des Timourides.

Nous nous rendons au nord dans le site archéologique de Samarcande. Sur une colline, nous découvrons la vieille ville d’Afrosyab. Le musée Afrosyab abrite de magnifiques fresques datant du VIIème siècle.

Nous nous arrêtons quelques instants pour voir le mausolée du prophète Daniel Saint Daniel. Il est le seul lieu à rassembler les musulmans, chrétiens et juifs. La tombe mesure 18 mètres de longueur. La légende veut que les os du saint continuent de grandir.

A regret, le séjour à Samarcande se termine. Nous regagnons Tashkent avec le TGV ouzbek, l’AFROSYAB. Le voyage dure deux heures au lieu de neuf jours en chameau ! Ce train est très confortable et économique pour les touristes. Quant au service à bord, il est impeccable. Nous avons l’agréable surprise de boire un thé avec gâteau et croissant. Sans oublier une voisine russe qui nous entonne la marseillaise. Cela fait partie des rencontres insolites.

Gastronomie

Nous ne pouvons pas nous quitter sans parler de gastronomie. L’incontournable « PLOV » est un plat à base de riz mitonné avec de la viande. Il faut avouer que la nourriture est un peu grasse pour nos estomacs fragiles. La table est toujours chargée de nombreux plats (surtout des entrées). Elle est mise en valeur par de belles nappes colorées et une belle vaisselle.

En Ouzbékistan, le pain est une institution. Il est même cuit dans la rue. Le peshka (pain rond et gonflé) est déchiré en morceaux à table. Ce pain est souvent décoré de différents motifs.

Architecture et Artisanat

Les céramiques et poteries sont souvent inspirées des mosaïques des monuments. Les tons de bleu sont une pure merveille. Aujourd’hui encore, l’artisanat s’inspire du passé. Il en est de même pour les tissus, les tapis. Les briques de terre cuite sont posées verticalement et horizontalement.

La réputation des splendeurs de l’Orient n’est absolument pas usurpée. Il est certain que ce pays ne laisse pas indifférent. Le mélange des origines font la richesse de l’Ouzbékistan. 120 ethnies et nationalités cohabitent en Ouzbékistan.

Malgré l’occupation soviétique opérant de nombreuses transformations, l’Ouzbékistan préserve son patrimoine exceptionnel et son âme.

Bien sûr, je retiens la beauté incomparable des dômes turquoise dans les vieilles cités caravanières. Toutes ces couleurs sont éblouissantes. J’ai adoré la gentillesse et l’amabilité des locaux. Je me suis régalée à faire de nombreuses photos. C’était très agréable de flâner dans les rues, d’aller au marché et de tout simplement regarder les étals multicolores (grenades, figues, légumes…..) tout cela en totale sécurité.

J’ai choisi d’aller à l’essentiel dans mon article. C’est un exercice difficile tellement j’ai pu voir de merveilles. J’espère sincèrement vous avoir donné l’envie d’aller en Ouzbékistan.

Pour ce voyage, nous avons choisi l’agence TIRAWA. Merci pour l’accueil et le suivi sur place.

https://www.tirawa.com/

Remerciement également à Michèle d’avoir partagé ce périple avec moi.

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Frédérique Écrit par :

4 Comments

  1. patrick
    21/11/2023
    Reply

    merci Frédérique pour ce joli cours d histoire et cette belle escapade ; tout est bien résumé pour combler un touriste qui serait tenté par l aventure ;
    Le pays à l’air calme et accueillant , chargé d’histoire et d’un passé riche et mouvementé ; je constate que les traditions sont encore lourdement ancrées et la religion partout très présente ;
    ce qui fait plaisir a voir ce sont tous ces monuments parfaitement conservés qui ont su traverser des siècles ;

  2. Armand
    21/11/2023
    Reply

    Excellent Frederique ! Tu peux envoyer ton texte au petit Futé ! Il sera sélectionne sans aucun doute. Continue à voyager avec ce plaisir !
    Armand

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